Regard sur le troisième âge
Présentation
Dans le cadre de la journée mondiale de la lutte contre la maltraitance des personnes âgées, PointCulture a réuni une sélection de documentaires portant un regard singulier sur le troisième âge et les formes, étonnamment diverses, que celui-ci prend. C’est aussi l’occasion de remettre à l’honneur une autre publication signée PointCulture, Au pays des vermeilles, qui, à travers l’évocation de plusieurs films de fiction et documentaires, s’était déjà penché avec attention au chevet de nos aînés !
Personnage de paradoxes que cette Esther Frodure, héroïne du documentaire de Richard Olivier, Esther Forever, produit en 2007. Pendant six ans, le documentariste a su capturer les contradictions inhérentes à l’existence de cette septuagénaire, à jamais célibataire et sans descendance, et autour de qui le temps a fini par faire le vide, ne lui laissant alors que ses plus fidèles amis : ses animaux empaillés. Dans ces conditions, plus d’un nourrirait le désir d’en finir, comme c’est d’ailleurs son cas, elle qui fait régulièrement part de ses pensées suicidaires à qui veut l’entendre. Mais alors, d’où vient donc cette vitalité débordante qui émane d’elle, cette énergie dont sont déjà dépourvus certains, à même pas vingt ans ? Malheureusement pour Esther, elle n’a eu d’autre choix, à la naissance, que d’être vivante, forever !
Avec son titre à double sens, Les Parents (2008) évoque aussi bien l’ascendance familiale que cet impérieux besoin de tutelle qui redevient le nôtre quand la vieillesse nous prend et nous mène, pour les plus chanceux d’entre nous, jusqu’à une maison de repos au coût exorbitant, au personnel souvent surmené et en sous-effectif. C’est conscients de cette problématique que Richard et Alain se proposent de développer une alternative démocratique : faire de leur maison en Dordogne un foyer d’accueil pour personnes âgées. Pour ce couple ayant vécu dans les Antilles françaises, le temps y passe lentement, au rythme de ses résidentes, celui de celles qui s’oublient elles-mêmes autant qu’on les oublie…
Que reste-t-il… ?, c’est la question que se pose Felipe Sandoval dans ce documentaire de 2014, comme un clin d’œil à la fameuse chanson de Charles Trenet. A vrai dire, plus grand-chose, mais pour Tina et Claude, 87 ans et pensionnaires d’une maison de repos, cela n’est pas une fatalité : il est encore temps de se fabriquer de nouveaux souvenirs et, surtout, de vivre le présent en commun. Si ceux-ci ont su faire le deuil de leur conjoint respectif, d’autres ne peuvent se résoudre à aimer à nouveau. Et si certains le veulent ardemment, la solitude est trop souvent un obstacle à la rencontre de l’autre. Enfin, la personne aimée, parfois, survit au temps, mais uniquement de corps et non d’esprit, rendant ardue l’entretien de la flamme qui un jour fut…
La vieillesse charriant souvent avec elle son lot de désagréments peu enviables, impotence et solitude en sont les principales causes. Fort heureusement, des femmes et des hommes œuvrent dans l’ombre pour en atténuer les conséquences : c’est le cas des employés de Télé-Secours, êtres humains empathiques avant tout, et héros d’Au secours, documentaire réalisé par Alexandra Laffin en 2015. Armés d’une patience à toute épreuve et sans jamais rencontrer physiquement leurs aînés en détresse, ils passent d’un appel téléphonique à l’autre, infatigables, faisant quotidiennement l’expérience de la réalité tragi-comique que revêt le troisième âge.
Simon Delwart